Le traumatisme psychique au travail

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L'intervention psychologique post-crise en entreprise
( JM. Lançon, 2006 )

Toute intervention dans une entreprise après un évènement grave doit nécessairement respecter certains principes :

  • Elle obéit à un objectif princeps de soins médico-psychologiques à un individu ou un groupe de salariés potentiellement « blessé » psychiquement. En ce sens, l’articulation avec le réseau de soin, qu’il s’agisse du médecin du travail de l’entreprise comme des praticiens assurant le suivi médical des salariés est incontournable.
     
  • Elle doit être intégrée dans une dynamique sociale de gestion de ressources humaines et comme telle comprise et soutenue par l’ensemble de la chaîne managériale. Il convient donc de s’assurer que l’intérêt, la logique et l’efficacité de ce type de démarche soit claire pour le personnel cadre afin d’éviter un rejet supplémentaire.
    Face à l’excès de médiatisation au cours des dernières années des interventions auprès des victimes, chaque manager est en droit de connaître les tenants et aboutissants d’une telle politique de prévention. En revanche, une fois décidée, la réussite d’une telle politique ne peut s’envisager sans l’adhésion de la hiérarchie à la démarche.
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  • Elle doit être nécessairement ancrée dans une approche psychosociale afin de restaurer du sens dans l’histoire d’un groupe d’individus partageant au quotidien une activité salariée sur un même site ou dans une même organisation. La prise en compte « isolée» des victimes, sans tenir compte de la culture de l’entreprise (ou de l’agence), des antécédents, de la perception des risques et du mode de fonctionnement relationnel préexistant serait préjudiciable.
    Outre les blessures psychiques des victimes, il faut accompagner l’ensemble du groupe dans l’intégration des inévitables « traces » que laissera l’évènement, y compris chez les personnes non directement impliquées.
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  • Enfin, elle doit obligatoirement s’inscrire dans la temporalité, et là encore sur les deux plans individuel et social.
     
    • Individuel, pour permettre à chaque salarié impliqué de bénéficier du suivi nécessaire qu’impose la spécificité des syndromes post-traumatiques (rappelons que certains n’émergent qu’après une phase de latence en, c'est-à-dire à distance de l’évènement causal).
       
    • Social, permettant par le renseignement continu d’un système de veille, d’intégrer l’évènement dans les expériences difficiles de l’institution afin de lui offrir une meilleure réactivité sur des objectifs de prévention ultérieurs.